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Interview afterlife de John Lennn

Dans un coin tranquille de l’éternité, nous nous sommes assis pour une conversation impossible avec John Lennon, non pas le mythe mais l’homme, pour parler de musique, de paix et du monde qu’il a laissé derrière lui.

Riffs and Beats
Avec le recul, comment voyez-vous la fin des Beatles ?

John Lennon
C’était comme voir un grand navire atteindre enfin son port, usé, légendaire, mais en quête de repos. Les gens idéalisent la séparation, mais c’était chaotique. Émotionnellement, spirituellement. Nous étions frères, mais aussi rivaux. Nous nous étions tout donné, et beaucoup pris aussi. Mettre fin à tout cela faisait mal, mais ne pas le faire aurait détruit ce qui faisait la magie. Nous changions tous, et nous ne pouvions pas faire semblant d’être toujours les quatre garçons de Liverpool. Si nous ne nous étions pas séparés, nous aurions fini par détester ce que nous avions construit.

Riffs and Beats
« Imagine » est devenu une sorte de prière mondiale. Saviez-vous ce que vous déclenchiez en l’écrivant ?

John Lennon
Pas le moins du monde. Je l’ai écrite dans un moment de calme, avec Yoko à mes côtés, en ressentant ce mélange étrange d’espoir et de défi. Ça me paraissait personnel, presque naïf. Mais la simplicité du message : pas de religion, pas de frontières, pas d’avidité ; cette simplicité a touché une corde sensible. Le monde ne cesse de montrer à quel point ces idées sont difficiles à vivre, mais le fait que les gens la chantent encore, qu’ils s’y rassemblent en temps de crise… ça me dit qu’elle a touché quelque chose de vrai. C’est un rêve auquel les gens veulent croire, même s’ils ne peuvent pas l’atteindre.

Riffs and Beats
Comment voyez-vous le monde d’aujourd’hui : politiquement, socialement, spirituellement ?

John Lennon
C’est comme une maison de miroirs. Chacun reflète quelque chose, mais personne ne sait ce qui est réel. Politiquement, il y a beaucoup de peur déguisée en force. Socialement, tout le monde est connecté, mais plus seul que jamais. Spirituellement… je crois que les gens meurent de faim. Pas de religion, mais de sens. De silence. De quelque chose qui ne cherche pas à leur vendre un produit. Je vois encore de la beauté ; dans les protestations, dans l’art, dans la manière dont les gens aiment. Mais elle est enfouie sous des couches de distractions et de bruit. La lutte pour la paix est plus difficile aujourd’hui, car les ennemis sont moins visibles.

Riffs and Beats
Et la musique d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qui vous touche, même depuis l’au-delà ?

John Lennon
Il y a un pouls dans la musique actuelle que j’adore. Ce courant souterrain de révolte, d’honnêteté émotionnelle. Kendrick Lamar touche profondément. Il mêle rage et grâce. Phoebe Bridgers, elle murmure et pourtant elle te bouleverse. Et puis il y a ces gamins inconnus qui enregistrent leur chagrin dans leur chambre avec un ordi portable et sans label, et c’est pur. Ce qui me manque parfois, c’est la mélodie, la vraie. Mais je sais aussi que la musique évolue, et elle le doit. Le pire pour la musique, c’est d’être trop sage.

Riffs and Beats
Vous n’avez jamais été discret en politique. Seriez-vous toujours aussi engagé aujourd’hui ?

John Lennon
Plus que jamais. Mais je serais probablement banni de la moitié des plateformes. J’ai toujours cru que les artistes avaient la responsabilité de bousculer, pas d’amuser. Je serais en première ligne de tous les combats pour la justice, le climat, les droits, la paix, vous nommez. Mais j’écouterais plus aussi. J’étais rapide à crier à mon époque, parfois avant de comprendre. Aujourd’hui, je chercherais l’équilibre entre le mégaphone et l’écoute. On ne peut rien changer si on n’est pas prêt à entendre ceux avec qui on est en désaccord.

Riffs and Beats
Vous avez été critiqué à l’époque pour vos contradictions, votre ego. Quel regard portez-vous là-dessus ?

John Lennon
Des critiques justes, honnêtement. J’étais une contradiction. Je chantais la paix et parfois je traitais mal les gens. Je voulais détruire les systèmes tout en vivant dans un manoir. Je crois que les gens attendaient de la pureté, mais ce n’est pas ce qui m’intéressait. Moi, c’était la vérité qui me fascinait, et la vérité, c’est le désordre. J’ai blessé des gens. J’ai essayé de réparer. J’ai échoué. Mais je n’ai jamais cessé d’essayer de m’améliorer. C’est tout ce que j’ai toujours voulu : grandir, même en trébuchant.

Riffs and Beats
Que pensez-vous de l’évolution de la célébrité avec les réseaux sociaux ?

John Lennon
C’est fascinant et terrifiant. La célébrité, c’était autrefois quelque chose de lointain, lumineux. Aujourd’hui, c’est une monnaie. Tout le monde a une marque. Tout le monde joue un rôle. Ce ne sont plus seulement les artistes. Ce sont les enfants, les mères, les profs… tout le monde cherche l’attention. Et l’attention est devenue une drogue, mais creuse. Si j’avais eu les réseaux sociaux à l’époque… Que Dieu nous aide. J’aurais peut-être complètement perdu le fil. Ou peut-être que je m’en serais servi pour appeler à la révolution depuis ma salle de bain. Qui sait ? Mais je sais une chose : la visibilité constante tue le mystère, et l’art a besoin de mystère.

Riffs and Beats
Si vous pouviez écrire une dernière chanson pour le monde d’aujourd’hui, quel en serait le thème ?

John Lennon
Le pardon. Un vrai pardon, dur, sans glamour. Celui qui te force à faire face à ce que tu as fait, et à ce qu’on t’a fait, et à ne pas transmettre cette douleur. Tout le monde est en colère. Tout le monde est blessé. Mais crier dans le vide ne construit pas de ponts. Je voudrais écrire quelque chose qui pousse les gens à poser leur téléphone, à respirer, et à se rappeler qu’ils sont humains. Une chanson sur la grâce. Quelque chose de brut. Quelque chose de tremblant et de vrai.

Riffs and Beats
Y a-t-il quelque chose à propos de votre héritage que vous aimeriez que les gens comprennent mieux ?

John Lennon
Que j’ai toujours été plus une question qu’une réponse. On vous transforme en statue quand vous partez. On oublie que vous étiez juste un type qui essayait de se comprendre avec une guitare et des mots. Je n’étais pas un prophète. Je n’avais même pas toujours raison. Je posais juste les questions dont j’avais besoin pour rester vivant, créativement, spirituellement. Si mes chansons ont aidé quelqu’un à se sentir moins seul, alors j’ai fait mon boulot. Et ça me suffit.

Riffs and Beats
Dernière question. Qu’est-ce qui vous manque le plus dans le fait d’être vivant ?

John Lennon
Le bazar de tout ça. La sueur, le bruit, l’absurde. Rire jusqu’à en avoir mal aux côtes. Se disputer dans la cuisine pour rien. Cet accord parfait qu’on trouve par accident. Yoko qui fredonne dans la pièce. Les blagues adolescentes maladroites de Julian. Le fait que la vie ne reste jamais en place. Ici, c’est paisible, magnifiquement paisible, mais parfois le chaos me manque. Celui qui donnait du sens à tout.

Alors que notre échange se dissipait comme la fin d’un morceau préféré sur vinyle, John se leva, sourit avec un mélange de nostalgie et d’amusement, et dit simplement : « Continuez à jouer. » Nous avons hoché la tête, sachant qu’une part de la musique ne s’arrête jamais vraiment. Puis il tourna les talons, pieds nus comme toujours, et marcha vers les nuages…

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