Le glam dans son expression la plus pure
20th Century Boy serait l’un des rares riffs pouvant défiler sur un podium en bottes argentées avec un trait d’eyeliner. Marc Bolan hypnotise dès le premier grondement de guitare déformée. Sorti en mars 1973 en single solo, ce n’est pas une chanson qui frappe seulement vos oreilles. Elle arrive en se dandinant, se sert un verre, et affirme qu’elle est plus jolie que vous. Et elle l’est vraiment.
Au moment où Bolan enregistre cette chanson, T. Rex était déjà roi du diamant. Bolan menait la procession, mi-elfe, mi-Elvis, tout électrique, alors que le glam rock était en pleine floraison extravagante. 20th Century Boy élève cette tendance au rang de légende plutôt que de simplement la prolonger. Sous la direction toujours élégante de Tony Visconti, la production est brute mais énorme. C’est un swagger bronze mêlé de claquements de mains, de guitares saturées, et du vibrato distinctif de Bolan — à la fois chuchoté et rugissement félin.
Avec ce morceau, Bolan a peut-être écrit des hits en dormant. Il n’y a pas de refrain au sens habituel ; plutôt, le titre répété s’impose dans votre esprit tel un marteau glamour. Les paroles ? Un poème absurde de haut vol. « Les amis disent qu’il va bien / Les amis disent qu’il est bon / Tout le monde dit qu’il est comme Robin des Bois. » C’est du dadaïsme avec une couche de paillettes et du surréalisme en séduction. Ça fonctionne pourtant ; la voix de Bolan vend chaque mot comme un gospel.
Les guitares vibrent, Marc hurle, et c’est la « gang awa » avec un autre de sa série de divertissements rythmés.
(Chris Welch, Melody Maker, 1973)
L’assurance de ce morceau est indissociable de son époque. Bolan cherchait le plaisir dans une décennie où le rock devenait soit une extravagance gonflée, soit une quête sincère de soi. En contribuant à définir la philosophie glam : oui, le style prime sur le fond, mais quel style ? Bien que ce serait manquer le vrai sens, on pourrait le qualifier de superficiel. Le manifeste de Bolan était 20th Century Boy. Il est apparu vêtu en dandy de l’ère spatiale dans un monde d’authenticité en denim, nous rappelant que le rock ‘n’ roll pouvait encore être sensuel, drôle, et incroyable.
C’est aussi une chanson qui a grandi comme un classique culte, redécouverte par chaque génération en quête d’une explosion d’attitude brute. Elle perdure des publicités automobiles aux reprises de Def Leppard et Siouxsie. Non pas parce qu’elle véhicule quelque chose de profond, mais plutôt parce qu’elle dit tout haut. Et finalement, Bolan a offert au 20e siècle des rêves plus forts, des héros plus flashy, et un riff qui refuse de s’effacer lentement.