Bienvenue dans le monde des chroniques objectivement subjectives

Vivre Libre ou Mourir – Bérurier Noir

Du punk avec un masque et une mission

Pas de solos de guitare ici. Pas d’harmonies travaillées. Deux voix qui aboient la vérité comme s’il s’agissait d’une question de survie et une boîte à rythmes qui frappe comme une marche de protestation. Sorti en 1988, Vivre Libre ou Mourir est un cri de guerre sur bande, pas une chanson. Bérurier Noir n’a jamais voulu être des rock stars. Ils cherchaient à brûler la scène et à présenter les cendres aux spectateurs. En moins de quatre minutes féroces, ce morceau, sans doute leur plus célèbre, capture tout ce qu’il y a de brut, radical et juste dans le groupe.

Nés non pas de l’industrie musicale mais des squats, des magazines anarchistes et des groupes underground, Bérurier Noir est apparu dans les rues obscures de Paris au début des années 80. Ils ont refusé la machine des grands labels, chanté cagoulés et choisi un personnage de roman noir comme nom. Leur esthétique mêle anarchie fluo et intensité politique. Vivre Libre ou Mourir, avec ses paroles scandées, son rythme métallique et son saxophone sirène, ressemble moins à une chanson qu’à une bande-son de protestation prête à jouer.

Bien que le message soit sans ambiguïté — résistance, défi et l’audace absolue de réclamer une vie hors de la soumission — ce qui le rend si important n’est pas seulement le message. Le ton lui-même est présent. Même s’il déclenche la révolution plutôt que de soutenir l’ordre, la boîte à rythmes implacable (surnommée affectueusement Dédé) offre une base militaire. Les voix sont aboyées, crachées, gravées dans l’air comme des phrases sur une barricade plutôt que chantées.

Tant qu’il y a du noir, il y a de l’espoir.

(Bérurier Noir, 1983)

Cette musique n’était pas destinée à vous faire sentir bien. Elle a été créée pour vous rendre furieux, éveillé, vivant. Bérurier Noir se tenait poings levés et cassettes faites main à une époque où la pop française jouait avec des synthés doux et le vernis MTV. Inspirant d’innombrables autres à prendre le micro, ils remplissaient les concerts sans diffusion commerciale et démontraient que l’indépendance n’était pas seulement possible, mais aussi plus puissante.

« Living Free or Dying » est devenu plus qu’une simple chanson punk. Adopté par les groupes étudiants, les squatteurs, et ceux écrasés par le poids de la Cinquième République et de son ordre de fer. Et aujourd’hui, il frappe toujours comme une révolte dans vos écouteurs. Parce que la liberté, sous toutes ses formes, reste un combat inachevé. Peu de groupes ont jamais crié cette vérité aussi fort, aussi puissamment, et aussi français que les Bérus.

No comments

LEAVE A COMMENT