Bienvenue dans le monde des chroniques objectivement subjectives

Billy Idol – Itinéraire d’un crooner punk

Le rictus qui a séduit une génération

Né William Michael Albert Broad à Stanmore, Middlesex, en 1955, Billy Idol a grandi dans une famille de classe moyenne qui a déménagé entre Long Island, New York, et la banlieue anglaise. Cette éducation transatlantique a laissé son empreinte. Avant de revenir en Grande-Bretagne juste à temps pour les premiers soubresauts du punk, il dévorait Elvis et Chuck Berry. Il n’était ni un gamin des rues ni un poète des égouts, mais il avait l’instinct de repérer une scène avant qu’elle n’explose et l’assurance d’y entrer comme s’il en était le propriétaire.

 

Avec Generation X, un groupe punk qui se démarquait en voulant être aimé plutôt que simplement craint, il a d’abord fait du bruit. Alors que les Sex Pistols crachaient et que The Clash prêchait, Idol souriait et posait. Des titres comme Kiss Me et Ready Steady Go Deadly laissaient deviner une oreille pour les mélodies pop cachées sous la distorsion. Il n’était pas le frontman punk le plus féroce, mais il connaissait mieux que beaucoup l’importance de l’image. Le cuir, le peroxyde et la lèvre retroussée devinrent sa marque de fabrique bien avant que MTV n’en ait besoin.

 

Le changement fut naturel quand Idol se lança en solo au début des années 1980 et partit à New York. En s’associant au guitariste Steve Stevens, il trouva le parfait partenaire. Alors qu’Idol souriait et grognait pour conquérir les salons américains, Stevens jouait avec l’arrogance d’une salle de concert et la précision d’un studio. Livré avec l’assurance rockabilly, le premier album de 1982 nous offrit White Wedding et Hot in the City—des hymnes baignés de saleté et de synthétiseurs. Cependant, c’est Rebel Yell en 1983 qui le propulsa au rang de star.

 

Eyes Without a Face démontra sa capacité à la tendresse, même si elle passait par les dents serrées. La séduction au néon emplissait Flesh for Fantasy, tandis que Rebel Yell lui-même était un cri de guerre prêt pour les stades. Idol n’avait aucune intention de sauver la planète. Il tentait de la faire danser, se battre et transpirer. Avec ses vidéos en rotation constante, il devint l’une des premières légendes légitimes de MTV—le rictus aussi célèbre que les chansons. Pourtant, il resta presque constant à travers tout. Pas le meilleur chanteur ni le plus grand auteur, toujours indubitablement Billy.

 

Les années tardives 1980 et début 1990 furent moins bienveillantes. En 1990, un accident de moto presque fatal faillit lui coûter la vie. Il survécut, traversa quelques albums qui ne firent jamais sensation, puis disparut dans l’ombre de la nostalgie et des caméos. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il ne devint jamais une parodie. Ce ne fut pas une réinvention quand il revint avec Devil’s Playground en 2005 puis Kings and Queens of the Underground. Ce fut une confirmation. Le look était toujours celui d’un Elvis post-apocalyptique, la voix toujours un grognement.

 

Bien que Dancing With Myself reste une parfaite distillation de la rébellion individuelle, Idol est grand au-delà des simples chansons. C’est sa capacité à embrasser facilement la contradiction. Un punk avec des aspirations pop, un rocker britannique ayant conquis l’Amérique, un symbole sexuel au rictus avec une vraie conscience de soi, il était tout cela à la fois. Il embrassait l’artificialité, la portait fièrement, et la transformait en quelque chose d’assez réel ; il n’en avait pas peur.

 

Billy Idol a écrit les règles en noir, y a ajouté un sourire en coin, et les a mises sur un rythme. Il a montré que si le style sans substance est vide, juste assez de substance peut changer la température d’une pièce. Il a laissé des cicatrices sur la pierre, sur la pop, et sur chaque miroir qu’il a jamais croisé. Ce rictus en était une indication. Nous en entendons encore l’écho.

Share Post
No comments

LEAVE A COMMENT