De la power pop au chic punk
Il n’y a presque pas le temps de cligner des yeux. Le téléphone sonne, la ligne clique, et soudain vous y êtes. Hanging on the Telephone ne commence pas tant qu’il vous surprend. Deux minutes et cinq secondes d’une énergie new wave hyperventilée, livrée avec un grognement, une moue et un clin d’œil par un groupe au sommet de sa puissance changeante. C’est rapide, énergique, et on dirait que ça va se court-circuiter à tout moment. Ce qui implique Blondie à leur apogée.
Même si le groupe culte power-pop de L.A. The Nerves a écrit et enregistré la chanson elle-même en 1976, elle ne leur appartient pas. Cependant, étant Blondie, ils l’ont fait exploser plutôt que simplement la reprendre. À parts égales femme fatale et sirène de la rue, Debbie Harry transforme une demande hésitante en un ordre pleinement formé. On est d’accord avec elle quand elle chante « I had to interrupt and stop this conversation. » Vous lui donneriez probablement votre téléphone et regretteriez de l’avoir même saisi.
Le producteur Mike Chapman enregistre le groupe dans un mode éclat de foudre en bouteille. Clem Burke joue comme s’il était poursuivi, la batterie est tendue comme un fil-piège, les synthés de Jimmy Destri éclaboussent et étincellent derrière des attaques de guitare tranchantes comme un rasoir. Même si ça ne se produit jamais, tout est lié par une électricité si erratique qu’on a l’impression qu’un fusible va sauter. Au lieu de ça, cela maintient cette tension jusqu’à la fin, puis raccroche avant que vous ayez eu le temps de reprendre votre souffle.
Blondie s’approprient cette chanson en y injectant un sentiment d’urgence jusque-là absent dans la montée, la voix de Harry passant d’un ton sévère à un ton désespéré alors qu’elle supplie : « Raccroche et cours vers moi. »
(The Independent, 1978)
Blondie s’était déjà imposé comme le groupe cool de CBGB au moment où Parallel Lines a fait ses débuts en 1978, un groupe aussi à l’aise dans la saleté punk que dans l’éclat disco. Hanging on the Telephone, cependant, était une proclamation : ils redéfinissaient la new wave plutôt que de la suivre simplement. La chanson a à peine figuré dans les charts aux États-Unis, mais est devenue un hymne au Royaume-Uni où le mélange de panache, d’assurance et de rébellion de Blondie en a fait des légendes du jour au lendemain.
La rapidité de Hanging on the Telephone n’est pas le seul facteur qui contribue à sa longévité. Avant les messages, avant les DM, quand le désir et le désespoir grésillaient encore à travers des fils de cuivre, c’est la façon dont elle capture un instant. C’est la perfection pop enveloppée dans un emballage punk, dégoulinant de glamour, de suspense, et juste ce qu’il faut de danger. Elle n’attend jamais votre approbation ; comme le meilleur de Blondie, elle sonne simplement.